Espagne

Majorque

Souvenirs de février 2018

Fidèles à notre tradition, nous avons souhaité partir au Sud lors de nos vacances inter-semestrielles (ah que du bonheur, la vie estudiantine). Le teint blanchi par un hiver sans pitié, notre taux de vitamine D est au plus bas. Il est plus que jamais temps d’aller retrouver un peu de soleil, là où il en reste.

Après avoir hésité, farfouillé à gauche à droite, « où peut-on trouver du soleil en février en Europe ? », nous avons opté pour Majorque, la plus grande du triptyque Baléares. À vrai dire, l’île ne jouissait pas auprès de moi d’une très bonne réputation, au vu des réguliers reportages perçus sur d’obscures chaînes françaises sur les excès et les dérives des fêtards alcoolisés. Mais à lire les guides sur la question, il y avait plus que des boîtes de nuit à y découvrir. Et l’idée de visiter un haut lieu touristique hors saison ne me déplaisait pas. Ni une ni deux, nous avons bouclé nos valises, direction le temple de la débauche.

L’île étant plutôt modeste par sa taille, nous avons décidé de nous baser dans la ville principale, Palma, près de la vieille ville. Au cœur des petites ruelles qui ne sont pas sans rappeler les hutong chinois, Palma se révèle charmante, vivante, et pleine de petites adresses où se remplir la panse avec délectation. Que dire par exemple de ce monastère où nous avons acheté aux moniales, au travers d’une cloche (vœux obligent), des pâtisseries traditionnelles à étouffer n’importe quel chrétien ? Pour nous, qui vouons un véritable culte aux expériences culinaires, c’était une adresse de choix.

Depuis Palma, il est facile de joindre les 4 coins de Majorque. Pour composer notre itinéraire, nous avons choisi Soller, Pollença et Porto Cristo. Le premier village s’est imposé pour le trajet côtier longeant la Serra de Tramunatana, et le petit train de 1912, qui offre un moment très touristique, mais hors du temps. La traversée de paysages ruraux aux fleurs naissantes donne l’envie irrésistible de s’expatrier au Far West et de danser sous les cerisiers. (Ne cherchez pas, les associations d’idées sont parfois dénuées de cohérence.) Le retour dans la ville de Palma, au milieu des voitures et des multiples voies, alors que nous roulons à 2 à l’heure dans un train en bois, laisse un sentiment mitigé, entre mélancolie critique et réveil grisant. 

Notre second village, Pollença, devait nous permettre d’atteindre le cap de Formentor, qui promettait panorama vertigineux et vue à couper le souffle. En fait, nous avons surtout hanté la côte maritime, vidée de ses habitants éphémères, sous le regard des ouvriers occupés à retaper chaque maison en attendant la saison haute. Notre balade s’est surtout accompagnée de chats et de bateaux délaissés. Nous sommes « hors saison », et nous le voyons bien. Le cap, la péninsule s’est refusée à nous : difficile d’y accéder sans voiture, dans un mois où le tourisme est proche de l’inexistant. La vie tourne autour des réparations, des préparations, et de la quiétude de quelques petits égarés. Pourquoi pas, ce fût certes un échec, mais sans goût d’amertume.

Enfin il n’y eût pas d’échec à Porto Cristo, où nous avons trouvé les grottes du Dragon prêtes à nous avaler en son sein. Stalactites, stalagmites, nous en prenons plein la vue, jusqu’à finir par un concert de musique offert sur une barque sous des éclairages façons Disneyland. On ne lésine pas sur les moyens !

C’est donc sur ces notes enchantées (et sur une sacrée cuite dont le souvenir n’est pas près de s’effacer !) que nous terminons notre petit tour majorcain, avant d’embarquer en ferry jusqu’à Barcelone. En repensant à ce joli voyage, nous n’en sommes que davantage convaincu.e : découvrir un lieu hors saison, c’est la garantie de voir un autre visage. C’est le plaisir de retrouver des espaces aérés, c’est la promesse d’un souvenir moins commun. Loin du palais des excès, Majorque s’est offerte à nous comme une petite île rurale, avec son histoire, ses paysages et ses plages désertes.

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