société

Pensées mouvantes : le véganisme

Voyager, à quoi ça sert ? Peut-il être autre chose qu’une parenthèse bienvenue dans une vie à 1000 à l’heure ? Si chacun de nos petits pas a laissé une empreinte, certains ont fait l’effet d’une véritable claque.

C’est le cas de notre séjour de Wwoofing sur les terres autrichiennes, effectué en 2019. Là, au milieu de la bouse et des de vaches « à lait », toutes nos convictions tombent. Pour nous, de purs produits de la cité urbaine, de ses supermarchés, de ses briques et barquettes sous cellophane, c’est une avalanche.

Milles questions se bousculent. Une vache mérite-t-elle de passer sa vie à être engrossée, puis à voir son veau lui être retiré ? Au nom de la production laitière, avons-nous la légitimité de lui dénier son droit et son sentiment maternel ? Pour une nourriture dont l’humanité n’a pas fondamentalement besoin ? Fromage, lait animal, crème… Lequel de ces caprices justifie l’exploitation des autres espèces ?

Semaine après semaine, nous avons vécu là, traînant nos pas dans un étable triste, à voir défiler des vies en enclos. C’est donc ça, l’agriculture, l’élevage qui n’est même pas intensif. Sous le label du bio, une réalité tout aussi désolante. À la poubelle l’idéal du mal nécessaire ! La famille éleveuse ne se nourrit même pas de ses propres productions, qui partent directement dans des usines. Dans leur frigo, une brique de lait achetée au supermarché. Voilà le paradoxe de la production contemporaine.

Autre mythe qui part en fumée, celui de l’éleveur qui aime ses « bêtes ». Reléguées au statut d’instrument, les autres espèces ne servent qu’à garantir la productivité. Une prison dorée, peut-être, où l’individualité est niée et la vie sacrifiée. Quand on assiste à l’énième tentative d’échappement d’une vache exténuée, enfermée dans un micro-enclos, on se doit l’avouer : l’humain.e n’a pas le monopole du désir de liberté.

Le soir, au milieu de notre confort, nous passons par toutes les émotions. Envie de tout casser, envie de révolution. Et puis, impuissant.e, nous replongeons dans notre quotidien. Avec une promesse, faite ce jour-là à l’accouchée qui appelle son veau : plus jamais. Plus jamais, ni de viande, ni de lait, ni d’aucune autre production issue de telles exploitations.

Nous ne visons pas la perfection. Combien de nos consommations provient de la souffrance d’autrui, quelle que soit l’espèce, nous ne pouvons pas toujours le savoir. Ni l’éviter, hormis essayer, pas à pas, de faire mieux. Par une consommation consciencieuse et éclairée, par le renoncement à ce qui en somme toute n’est pas nécessaire. Une goutte d’eau dans l’océan, nous diriez-vous. Face au monde qui nous dépasse, basé sur un système pluriséculaire, quel poids véritable pour ce genre d’actions ? En effet, l’individu ne peut changer la donne, n’en déplaise à tous celleux qui rêvent de l’American Dream. À défaut de transformations structurelles, le petit ne peut changer le monde.

Alors que reste-t-il ? Un peu de défaitisme, un soupçon de cynisme. Est-ce sur cela que nous devons baser nos convictions, je ne crois pas. Une pensée nous revient en tête. Il y a des problèmes dans ce monde, et à choisir, nous préférons être dans la solution. Autant que possible, construire, à notre échelle, le visage de l’avenir.

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